Varsovie – Coups Et Blessures (2018)
Varsovie – Coups Et Blessures (2018)
1 Coups Et Blessures 5:59 2 Revers De L'Aube 3:44 3 Va Dire À Sparte 7:55 4 Killing Anna 4:52 5 Le Lac 5:57 6 Intersections 5:04 7 Discipline 5:03 8 Chevaux Échappés 4:05 9 Feux 5:44 Grégory Cathérina - vocals, guitar Arnault Destal - drums
‘Coups et Blessures’ - the 3rd VARSOVIE album and first on Sundust Records – is a confident display of sharp, sylvan song-craft.
Walking a tight, melancholic line between dark rock and post-punk, these 9 new songs – with lyrics entirely in French – feature an incessant cutting edge and a newly heightened febrile atmosphere.
VARSOVIE was formed 2005 in Grenoble, Franceby Arnault Destal (drums) & Grégory Catherina (vocals, guitars) and have played over a hundred concerts in Europe in support of previous albums "État Civil" (2010) and L'Heure et la Trajectoire" (2015). ---varsovie.bandcamp.com
Lancement par riffs et batterie forte, le troisième album de Varsovie ne surprendra guère ceux qui les suivent depuis à peine plus de douze ans et leur premier EP Neuf Millimètres. La tendance s’est progressivement faite un peu plus rock, un peu moins wave. Les guitares sont plus tranchantes, quand bien même dès le choix du nom qui évoque le Warsaw pré-Joy Division, on avait cette appétence pour l’acéré et le rugueux (qu’on retrouve bien employé dans les demi-teintes de « Discipline »). La musique est plus à l’os ici, ce qui est symbolisé par le premier refrain qui donne son titre au disque : « Des coups et des blessures ». Comme Rendez-Vous qui les a rejoints dans cette fraction des adeptes d’un rock nerveux et racé, Grégory Catherina et Arnault Destal exposent leur musique en formation d’attaque, frontalement. Quelques rares breaks prennent le temps de poser et de tester l’endurance. Même alors, les parties de batterie claquent davantage que sur un bon vieux Cure (auquel certains arpèges font penser, inévitablement, alors que la voix rejoint parfois la diction possédée de Jean-Charles Versari – Les Hurleurs).
« Revers de l’Aube » enchante immédiatement, reprenant un gimmick du refrain à prénom féminin, cette fois Anastasia, scandé-chanté (comme sur « Clandestine » et sa Messaline, en plus punkifié), devenant instantanément l’un des fils directeurs de ce disque.
Cet album bénéficie d’un soutien de Ouï FM, ce dont on ne se plaindra pas, peu confiants dans le pouvoir de cette radio et de son site pour trier les artistes méritants (et qui le peut ?), rassurés aussi par le fait qu’avec Varsovie, c’est aussi une scène de l’ombre qui est mise sous les lumières. En effet, une nouvelle fois, le duo de Grenoblois (rejoints sur scène par un bassiste) a fait quelques kilomètres pour rejoindre le Drudenhaus Studio à Nantes, et cette fois, c’est Benoît Roux (Anorexia Nervosa) qui a enregistré les neuf pistes. La captation de la batterie est sensible une nouvelle fois, dégageant l’instrument de ses simples bases rythmiques pour que celui fasse corps avec ses sons avec ce qui est dit : ainsi « Le Lac » se fait-il dansant en basse-batterie-voix, le temps que la guitare stagne en contrepoint, puis le déferlement se produit sur un mode romantique énervé de bel effet. En fin de disque, du temps sera donné avec moins de véhémence musicale pour permettre à la voix de se déployer sur un « Feux » captivant.
Cette fois, n’ayant pas les paroles sous les yeux, nous ne démêlerons pas totalement le mystère (contrairement à l’analyse légère de l’opus précédent), on perçoit des réminiscences (« compter jusqu’à dix » dans « Va dire à Sparte » retrouve « Mademoiselle Else »). Le charme de Varsovie tient aussi à l’incarnation de cette figure du poète maudit, si chère au Cantat des deux premiers disques, avec des paroles poétiques et une figure noire, isolée au milieu du flot de manifestant (rappelons que Léo Ferré, en concert à la Mutualité en mai 1968 n’était pas sorti malgré les appels de la foule rassemblée à l’extérieur), s’adressant à des filles sublimes, mais distantes (photo de Rytis Titas cette fois-ci). Varsovie joue donc dans cette cour toujours désuète, dans ce sens où elle n’a jamais pu être réellement à la mode. Les références saisies au vol (Anastasia, Sparte…) renvoient à un ailleurs, à un autrefois, permettent projections intimes. Comme chez des comparses restés les pieds dans le black-metal, Varsovie élabore des sentiments duel de résignation et de révolte, de départ en beauté et de fierté à tenir debout dans la douleur. La musique, là-dessus, joue des tonalités élégiaques et épiques, profondément mélancoliques. Cela parle de choses disparues, inatteignables, un mal-du-siècle qui n’en finit pas.
Il en faut de l’audace, de la morgue pour tenir ce rôle sans second degré, pour imposer une présence humaine qui ne prêterait pas à rire. La sécheresse de la musique est là pour bâtir l’armure qui protège et qui rassemble autour de cette voix, de ces paroles. On peut regretter l’aspect un poil monolithique sur la longueur des parties de guitares-basse qui se collent plus qu’elles ne se complètent. Cela prend plus d’ampleur sur « Le Lac » (voir plus haut) ou lorsque les parties lead s’envolent, rejoignant alors l’option heavy prise par les anciens compagnons de route Joy/Disaster (« Killing Anna »). Avec « Chevaux échappés », la distinction est plus forte, permettant l’irruption de dissonances neuves dans cette musique. Pas anodin, ce titre de déformation des habitudes est en partie un instrumental. Il a pourtant la construction idoine d’un morceau classique : l’attention, sans paroles, se porte alors sur ce qui est tendu ici, un drapeau plus noisy, « traverser le ciel pour en arriver là » ? Ce sera le deuxième fil directeur du disque, une avancée vers la suite, n’en doutons pas… Qui interviendra peut-être avant les quatre ans de rigueur (?). ---Sylvaïn Nicolino, obskuremag.net
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